Partie III)



III) LES FACTEURS DE CONVERGENCE ENTRE LES DEUX ARRONDISSEMENTS :


Franprix dans le 19ème



Franprix dans le 16ème

Ici, comme nous l’avons mentionné dans  le I), nous avons voulu nous mettre dans la peau d’une mère  voulant faire des courses pour sa famille (son mari et ses deux enfants).  Sur la 1ère photographie nous observons que le prix des courses s’élève à  5 euros  dans le 19ème, tandis que pour exactement les mêmes produits dans le 16ème cela nous revenait 20 centimes plus cher. Nous avons tout de même décidé de l’intégrer dans le III) puisque cette différence est assez mince si nous la comparons avec les différences observées au sein des marchés. De plus il est important de faire le rapport entre le prix fixe dans le 16ème et les revenus des ménages y habitant puisque le revenu moyen par ménage dans le 16ème est de 8143 euros net par mois tandis que dans le 19ème ce dernier s’élève à 3081 euros net  par mois. Par conséquent, cette différence de 20centimes  se compense puisque le pouvoir d’achat d’un habitant du 16ème est deux fois plus élevé que dans le 19ème, donc cet écart de prix au final n’engendre pas de répercussions financières sur les ménages.


A : Gentrifiation :

Il est néanmoins primordial de nuancer tout cela, puisque  de nombreux quartiers populaires de Paris notamment dans le 19ème connaissent un phénomène de gentrification. La gentrification (de gentry, petite noblesse en anglais) est le processus par lequel le profil sociologique et social d'un quartier se transforme au profit d'une couche sociale supérieure. On l'appelle aussi embourgeoisement. Inventé par une sociologue marxiste à propos de Londres dans les années 1960, le terme de gentrification avait à l’origine une portée critique puis, elle a fini par décrire un processus de « revitalisation » des centres-villes (Slater, 2006). La gentrification parisienne connait un décalage temporel puisqu’elle n’est apparue qu’à partir des années 1990. Elle apparaît donc comme un processus tardif par rapport à Londres ou à New York. Cela s’explique par plusieurs raisons. Certains mettent en avant le fait que la capitale française a depuis longtemps été un lieu de résidence des classes dominantes et n’a jamais cessée de l’être. Néanmoins, l’étendue spatiale du bâti ancien et du Paris populaire représente un fort potentiel de gentrification. Comme ailleurs, la gentrification des quartiers populaires parisiens s’explique par plusieurs facteurs dans le domaine de l’emploi ou du logement. Le plus évident est la baisse continue du nombre d’emplois d’ouvriers à Paris depuis les années 1960. Ainsi, à  partir des années 1970, et successivement depuis, les quartiers populaires ont été réinvesti par une population plus jeune, plus diplômée, et disposant davantage de moyens matériels que la population progressivement remplacée. Il existe de nombreuses théories sur la gentrification :

La théorie géo-économique du rent gap développée par Neil Smith, selon laquelle, une plus-value économique (acquisition à bas prix, rénovation du bâti et « amélioration » du quartier, revente avec profit) amène les couches moyennes à investir dans les quartiers anciens délaissés et qui fait découler le processus complet de gentrification. Cette théorie ignore donc des enjeux et des investissements autres qu’économiques de la part des acteurs de la gentrification. Il existe en réalité bien d’autres bénéfices tant matériels que sociaux ou symboliques. Cette gentrification touche donc l’est parisien, comme le 19ème arrondissement (autour des Buttes Chaumont par exemple) c'est-à-dire qu’il voit les classes aisées affluer et côtoyer de plus en plus les classes populaires, souvent immigrées. Il en résulte une profonde mutation sociale, qui passe donc aussi par une transformation urbaine avec par exemple la transformation des commerces et la fréquentation de ces nouveaux lieux à la mode.



Cette carte reflète les dynamiques spatiales de la gentrification à Paris. On observe que le phénomène de gentrification est parti des beaux quartiers à l’Ouest dans les années 70, pour atteindre le 19ème arrondissement par exemple, dans les années 2000. Cette carte est tirée du livre d’Anne Clerval « Paris sans le peuple », livre traitant de la gentrification de la capitale.
A Paris, les acteurs publics n’ont pas initié directement la gentrification. Les quartiers populaires profitant ainsi d’opportunités immobilières dans un contexte de hausse de loyers. La gentrification a donc commencé par des initiatives individuelles. L’installation de ces nouveaux habitants a parfois été liée au travail qu’ils exerçaient, notamment dans le cas des artistes. Ils ont été les premiers nouveaux habitants à se distinguer nettement des classes populaires et les premiers issus de la petite bourgeoisie intellectuelle a encourager ensuite les initiatives de commerçants comme les patrons de cafés par exemple pour transformer l’ambiance du quartier.
Comme a pu l' expliquer Anne Clerval dans son livre « Paris sans le peuple » qui soutient que, les gentrifieurs ou encore appelés « les bobos » dans le 19ème par exemple tiennent un discours très valorisant sur la mixité sociale. Mais il s’agit  souvent  d’un discours après-coup. Il faut souligner qu’ils ne s’installent dans ces quartiers que sous la contrainte du marché immobilier. Ils ne choisissent pas d’habiter dans un quartier mixte, mais d’habiter coûte que coûte dans Paris. Par la suite, ils vantent cette mixité sociale, sans doute même parfois de façon exagérée. En fait, ils ne la pratiquent pas beaucoup, ils restent au sein de leur groupe social sans s’ouvrir forcément aux autres, c’est donc compliqué car ils créent la mixité sociale en même temps qu’il l’a font émerger comme un problème. Par exemple ils pratiquent  l’évitement scolaire puisque, pour s'assurer de la transmission du capital scolaire,  qui n'est pas garanti dans les écoles des quartiers populaires où ils résident, ils ont recours à l'enseignement privé en ayant recours à de fausses adresses, ou à des dérogations. Finalement, ce discours est une stratégie de distinction : certains vivent dans des appartements de plus de 100 m2 mais tiennent à se démarquer des bourgeois du XVIe arrondissement. Les bobos sont donc aussi dans l’entre soi. En marquant leur attachement à la ville centre, ils revendiquent aussi un capital culturel plus fort que ceux qui acceptent de vivre dans le pavillonnaire péri-urbain. Habiter Paris est de plus en plus un signe clair de domination sociale et les habitants des périphéries moyennes et populaires ne s’y trompent pas.
C’est donc aussi en ce point que le 16ème et le 19ème se rejoignent, c’est un véritable atout d’habiter dans une métropole dynamique telle que Paris.
La promotion touristique de Paris gagne aussi les quartiers populaires. Par exemple, le bassin de la Villette connait une reconversion volontaire vers les loisirs, la culture et le tourisme. Considéré comme un ancien vecteur de l’industrialisation de l’Est parisien, ces voies d’eaux servent en réalité aujourd’hui d’appui à la diffusion de la gentrification.

B) Questionnaire interprétation
Notre enquête de terrain a aussi fait ressortir de nombreux éléments qui ne varient pas en fonction de l’arrondissement. Tout d’abord, si l'on s'en tient uniquement à notre impression quant à ces deux arrondissements lors de nos différents déplacements, il est vrai que nous ne ressentions pas vraiment de différence à première vue.
De plus, suite à notre questionnaire, nous avons pu observer de nombreux points de convergence entre le 16ème et le 19ème. Par exemple en ce qui concerne les goûts culturels ou la musique. Il s’agit au final plus d’un phénomène générationnel. En effet, au sein des deux arrondissements les personnes les plus âgées avaient tendance à écouter davantage de la musique classique ou encore de la variété française alors que les plus jeunes écoutaient principalement de la Pop ou du Rap.
De même pour les sorties culturelles telles que le théâtre, les personnes en règle générale, y allait 1 à 2 fois par an dans les deux arrondissements.
En ce qui concerne les transports, les personnes estimaient leur arrondissement comme bien desservi, avec à la fois le métro, le RER mais aussi le bus par exemple. Il est vrai que l’inauguration du métropolitain  en 1900 a permit un grand essor du transport ce qui offre à la population parisienne de se déplacer sans souci encore aujourd’hui peu importe l’endroit. Ceci est un atout rien que pour aller travailler par exemple, puisque nous avons pu observer que la plupart des habitants du 16ème et du 19ème ne travaillaient pas dans leur arrondissement.

Les espaces verts sont évidemment important aussi au sein d’une des plus importantes villes mondiales, qui doit faire face à une problématique écologique importante du fait notamment de la pollution. Les espaces verts sont donc essentiels que cela soit pour se promener, respirer un peu le bon air, ou pratiquer du sport. En effet les habitants du 16ème et du 19ème sont très satisfaits de la présence d’espaces verts dans leur arrondissement avec par exemple  le Bois de Boulogne ou encore le jardin du Ranelagh dans le 16ème  et les fameuses Buttes Chaumont dans le 19ème.





Sur cette carte nous observons les espaces verts de Paris avec le bois de Boulogne à l'extrême gauche, et dans le 19ème on observe les Buttes Chaumont avec un coté en arc de cercle.









Nous avons ici des photos du XIXème siècle des Buttes Chaumont ainsi que du Ranelagh. Nous avons donc pris en photos les mêmes endroits pour voir si ces derniers avaient évolué. Nous observons que les espaces verts ne connaissent pas d’évolution, que cela soit dans le 16ème ou dans le 19ème . Ils restent inchangés. Sans doute que cela est propre à Paris puisque de nombreux parcs et jardins sont toujours intacts même plusieurs siècles après.

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